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Impact d'un entraînement sur la perception catégorielle du délai d'établissement du voisement : approches comportementale et électrophysiologique

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conference contribution
posted on 2019-11-09, 17:28 authored by Gregory ColletGregory Collet, Cécile Colin, Paul Deltenre, Willy Serniclaes, Jacqueline Leybaert

Le but de cette recherche était d’évaluer au moyen de relevés comportementaux (tâches d’identification et de discrimination) et électrophysiologiques (potentiels exogènes auditifs) l’impact que pourrait avoir un entraînement de type identification (/də/ ou /tə/) sur la perception catégorielle (Liberman et al. 1957) de syllabes issues d’un continuum de voisement. Le français possède la particularité de présenter une distinction entre les valeurs des frontières phonétiques universelles, centrées sur -30 et +30 ms de V.O.T. (Lisker & Abramson, 1964 et Abramson & Lisker, 1970) et la valeur de la frontière phonologique, centrée sur 0 ms de V.O.T. (Serniclaes, 1987). Nous avons donc décidé de proposer deux types d’entraînement : certains sujets ont reçu un entraînement ciblé sur la frontière phonétique de -30 ms de V.O.T., d’autres sur une frontière arbitraire de -45 ms de V.O.T. n’existant dans aucune langue. Cette procédure consistait pour les deux groupes en 5 séances d’une heure tous les deux jours. Ces derniers ont été comparés à un groupe de contrôle ne subissant aucun entraînement. Lors du post-test, la tâche d’identification a montré une diminution du nombre de réponses /də/ pour les valeurs -15 et +15 ms de V.O.T., indiquant un déplacement de la frontière vers la partie négative du continuum pour les deux groupes entraînés. Le groupe de contrôle quant à lui ne montrait aucun changement significatif entre la séance de pré-test et la séance de post-test. Pour la tâche de discrimination, le groupe entraîné sur -30 ms de V.O.T. présentait une tendance à l’augmentation des capacités discriminatives autour de la frontière phonologique francophone (0 ms de V.O.T.). Aucune modification significative du patron de réponses n’était observée pour le groupe d’entraînement centré sur -45 ms de V.O.T. et pour le groupe de contrôle. Les résultats électrophysiologiques quant à eux ont montré lors du post-test une augmentation de l’amplitude de la composante exogène P2 pour certaines de valeurs de V.O.T. En guise de conclusion, nos données témoignent d’une part de la possibilité de modifier dans une certaine mesure la valeur de la frontière phonologique du français. D’autre part, ces résultats reflètent également la plasticité du cortex auditif et la possibilité de modifier ses réponses à la suite d’un entraînement relativement bref.

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