De l'homme moyen à la population statistique : Quetelet et Galton
Personnage cher à l’Académie royale de Belgique, l’œuvre scientifique d’Adolphe Quetelet reste quelque peu paradoxale. Pour autant qu’il soit reconnu comme l’un des fondateurs de la statistique et des sciences sociales, il n’y avait jamais une « école de Quetelet » : son invention de l’« homme moyen » n’était jamais largement perçu comme le fondement possible d’une future compréhension de l’être humain. Ce paradoxe devient encore plus clair lorsqu’on examine un savant qui était un grand admirateur de Quetelet, le biologiste anglais Francis Galton. Inventeur à son tour de la biologie statistique – ainsi que du mot « eugénisme » – Galton s’est débattu dans une tension entre le monde statistique statique et stable de Quetelet et le changement continu du monde biologique issu de la théorie du cousin de Galton, Charles Darwin. Je présenterai les grandes lignes d’un nouveau projet de recherche qui vise à comprendre les débuts d’une science naissante de la biologie statistique, en particulier telle qu’elle s’exprime dans ce dialogue anglo-belge.